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vie privee - Page 7

  • " Le Mari de la femme de mon père."

    zzzzvania-1999.jpgComme je l’ai raconté, J’avais seize ans lorsque mon papa me présenta le morceau de banquise dont il était amoureux et qu’il entendait, la dame ayant des principes en dépit d‘une vertu à géométrie variable, épouser le plus rapidement possible.

    Depuis le départ de ma mère, loin de se convertir en moine Trappiste, papa, joli garçon en diable, narquois jusqu’à la rosserie, attachant, puisque plus estropié qu’il ne l’admit jamais par l’échec tonitruant de son premier amour, incapable dans le fond de tromper sur ses fêlures, ses failles, ses fissures les femmes qui l’aimèrent, moins encore que d’abuser son fils préféré , papa donc multipliait les aventures de plus ou moins d’importance s’attachant à ce qu’elles n’interfèrent jamais avec la relation passionnelle, fusionnelle, je m’autorise à l’écrire, quasi amoureuse qui nous unissait.

    Il y eut celles que je ne rencontrais pas.

    Il y eut celles que je croisais par hasard.

    Celle qui prenait au petit déjeuner du chocolat chaud et du bourbon dans le même bol.

    Celle qui aimait se promener nue chaussée d'escarpins à brides.

    Celle qui débarquait à trois heures du matin de quelque raout "mortel-chéri!", couverte de tant de joncaille et de pierres précieuses qu'on eut crut un arbre de noël, virait ses pompes et ses visons, descendait bières sur bières , retrouvant à mesure que l'ivresse la gagnait, un accent poissard qu'elle déguisait en suave zézaiement Créole depuis qu'elle carambolait dans la haute ,avant de s'endormir comme une masse sur un canapé qu'elle quittait aux heures blanches du petit matin, contrariée d'avoir fait poireauter son chauffeur Marocain, lequel puisque la sautant à l'occasion ne se gênerais pas pour la traiter de Mouquère de mauvaise vie.
    De la rue nous parvenaient le fracas de leurs disputes, parfois l'écho d'une baffe émietteuse de gemmes, larmes et pampilles que Madame et son singe récupéraient ensuite à quatre pattes sur le trottoir, tandis que planqués derrière des jalousies à demi closes, papa et moi pleurions de rire.

    Toutes étaient jolies, sophistiquées et parfaitement folles à lier.



    Il y eut Laetitia.

    Belle de cette beauté classique, lointaine, un peu figée des vedettes de cinéma, distante jusqu’au mutisme, pourtant habile lorsque l’on s’y attendait le moins à vous atteindre d’un carreau au cœur dont vous ne vous releviez pas, elle ne me plut qu’à moitié.

    Je ne la convainquis pas d’avantage.
    Elle se méfiait à raisons.

    D’instinct la prédatrice flairait l’ennemi, celui qui, au moindre faux pas, déclencherait la curée.

    Cependant, puisqu’apparemment, nous voulions tous deux le bonheur de papa, nous convînmes tacitement d’un pacte de non agression.
    Elle ne se mêlait pas de ma vie, je me fichais de la sienne pour autant qu’elle ne blessât pas papa.

    Du reste, il me faut admettre que c’est à Laetitia que je dois d’avoir rencontré un personnage dont l’influence marqua au fer mes années de pédé-ado-bringueur : son ex mari, bien que l’on ne présenta jamais Laetitia autrement que comme « la femme de Walter » et par contrecoup papa, plus amusé que véritablement agacé, comme « le mari de la femme de Walter ».

    Certains sont vedettes dans des films, Walter était vedette dans la vie.

    Avec cette désinvolture amusée, ce charme piquant, cette lucidité goguenarde de ceux à qui on ne la fait pas.

    Partout ou passait Walter, les portes les mieux gardées s’ouvraient, les échines ployaient, on lui donnait du " cher Monsieur " long comme l’instrument de travail à Rocco Siffredi, on recherchait sa compagnie.

    Pas spécialement beau, se targuant d’une « inculture encyclopédique », Walter possédait en revanche des manières exquises, une élégance naturelle laquelle négligeait la pose, un sens très sur de la mode, un bagout de bateleur, un humour meurtrier, la perversité d’un Valmont et la gentillesse sans calcul d’un véritable homme de cœur.

    Un extraterrestre, un ovni.

    A 17 ans, il réussit l’exploit de se faire virer du lycée français de Londres; à n’en pas douter, un cas unique dans les annales du vénérable établissement.

    A 18 ans, ce joli garçon dont la bisexualité affichée trop haut pour qu’elle n’abusât nul autre que lui-même, tapinait rue saint Anne à Paris.

    Il y venait en métro ; il en repartait en Rolls.

    A 19 ans, il s’envolait pour New York à la remorque d’une vieille pédale richissime folle de ses saillies quelles qu’elles fussent.

    En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire il devint un incontournable du mythique « Studio 54 ».


    Il y côtoyait sans s’émouvoir plus que de raison , Mick et Bianca Jagger, Elizabeth Taylor période « Sauvez Willy », Andy Warhol, Margaux Hemingway, Liza witz a « Z», Lauren Hutton, Grace Jones et une myriade d autres illustres inconnus.
    Camés jusqu’ aux sourcils, les beautiful peoples rivalisaient d’audaces et d'indécences.

    Walter n’était pas de reste. A l'image des 70’s, le faraud se voulait sex, drugs and glam.

    Rentré en France, Walter ouvrit, à 21 ans, sa première boutique de fringues. Puis il passa à la godasse.

    Il importa « Sartore » et découvrit « Stéphane Kélian ».

    Il participa aux nuits folles du « Palace », du « Privilège », du « Boys », du « Queens », échappa par miracle aux maléfices de la "Horse"
    , aux horreurs du Sida, perdit dans l’ouragan ses amis les plus chers (« Il ne se passait pas une semaine sans que nous n’assistions à un, voire deux enterrements », me confia t- il un jour.), épousa Laetitia puisqu’il avait besoin d’une jolie femme à ses cotés dans ses diners d’affaires; en divorça sans heurts deux ans plus tard lorsqu’il rencontra l’homme de sa vie.

    A quarante ans, fortune faite, il bazarda toutes ses boutiques et prit sa retraite.

    Depuis, il partageait son temps entre, Paris, la Sardaigne et Marrakech.

    L’année du mariage, 1994 donc, suite à une rupture très médiatisée une Chanteuse Célèbre avait tous les paparazzis de France et de Navarre à ses trousses.
    Laetitia, cadre chez Artmedia, en charge des intérêts de la vedette, lui proposa donc de nous rejoindre dans la belle villa art déco que Walter possédait à Porto Cervo et ou nous passions quelques vacances « en famille ».

    Bonne pomme le mari de la femme de mon père donna immédiatement son accord tout en confirmant ce dont nous nous doutions déjà, à savoir qu’il ignorait complètement qui était cette Chanteuse Célèbre.

    « -Et que fait elle dans la vie, cette petite ?
    « -Enfin, Walter, c’est l’étoile montante de la chanson française ! Tu ne peux pas allumer la radio, la télé sans l’entendre brailler.
    « -Oh tu sais moi, les chanteuses actuelles ....Elles ont toutes le même look ; elles chantent toutes pareil. Et puis, je n’aime que les chanteuses blondes et mortes : Dalida, Claude François, Sylvie Vartan.
    « -Beuh, elle n n’est pas morte la Vartan.
    « -Ah bon ! Elle devrait !

    Entre la chanteuse et son hôte, le courant ne passa pas immédiatement.

    Il était trop star, elle ne l’était pas assez.
    Il cherchait la lumière, elle la fuyait.
    Il ne comprenait rien à sa simplicité de solide fille du peuple. Elle réprouvait la sophistication de son mode de vie.

    Il lui reprochait de sortir diner sans maquillage, coiffée à la diable et vêtue comme une clocharde Roumaine. Elle s’indignait que chacune de nos soirées soient soumises à un protocole digne de la cour de Saint James.

    Bref, elle le trouvait puant, il la trouvait plouc.

    Néanmoins, pour le remercier de son hospitalité, elle l’invita (en VIP, ma chère, pass « all Access » compris) à la première de son spectacle à " l’Olympia ".

    Certains auraient tué pour être à la place de Walter. Lui, gavé de champagne et de petits fours, ronfla pendant toute la durée du tour de chant.

    Je le réveillais à la fin du show.

    « -C' est terminé ?
    « -C' est terminé !

    Il s’étira comme un gros matou matois dans une flaque de soleil.

    « - Bien, dans ce cas, allons complimentir !

    L’anecdote, pour insignifiante qu’elle soit résume bien le personnage.

    Je pourrais vous dire également que sans lui, je ne serais probablement plus de ce monde.
    Que privée de son affection chaleureuse, de ses attentions délicates, de ses conseils toujours opportuns, de sa protection occulte mon adolescence eut put tourner à la tragédie.

    Je pourrais vous dire que je l’aime infiniment et que je ne le remercierais jamais assez.

    Mais vous commencez à me connaître.

    Vous savez à présent que je préfère souffler des paillettes et écrire sur du vent.

  • " Rechutes névrotiques."

    zzzzzvania-dior.jpgA mon rictus mauvais, il devient extrêmement clair que « Monsieur de… » Va se prendre un pavé dans la barbe.
    Motif de la punition : son refus de s’habiller sous prétexte que seuls « les ploucs se déguisent en pingouins pour diner. »


    Il gamine, l’adorable !
    Il donne dans le caprice vétilleux, la volte face candide.
    Il narquoise, aussi, l’effronté!


    Caustique, un tantinet provocant.


    « - Tu es beau comme un livre d’images, mon ange ! Tu rends hommage à Stendhal ou à Jeanne Mass, là ? » Nargue t'il en reluquant ma sublime panoplie rouge et noir.


    Je t'en foutrais des livres d’images !

    La Bible, version Gustave Doré, tu vas te la bouffer, histoire d'en voir de plus près les enluminures! Et si je me sens d'humeur je rajouterais au compte quelques coups de grolle dans le train en guise de bénédiction Urbi et Orbi !

    C’est donc en jeans informes et T-shirt délavé, barbe rude sur menton rond, cheveux coiffés aux doigts, que "Monsieur de...", sans pour autant se départir de son grand air Régence, dinera.


    De là à imaginer qu’il finirait à peu près nu …..

    J’ignore ce qui se passe dans sa caboche, mais il me fait des rechutes névrotiques en série ces jours ci, le "Cricri d’amour" !

    La faute au picolo, parait il !

    Moi je veux bien ; mais ce ne sont pas deux coupes de champ' en apéro, une quille de rouquin au cours d’un diner dont les seules entrées suffiraient à nourrir Al-Genaïna et ses faubourgs pour les trente années à venir, une lichette de « Parfait Amour » histoire de faire glisser les agapes ; qui me le rendent plus schlass qu’un équipage de matelots Polonais dans la plus pourrie des basses villes de la plus crapuleuse des garnisons portuaires.

    Ou alors il biberonne en cachette, je ne vois pas d’autre explication !


    Dans un premier temps, « Monsieur de … » a le Jaja folâtre.
    Primesautier.
    Un rien mutin, à peine trivial.


    Ca vous lèche la joue, ça vous bave dans le cou, ça vous papouille, ça vous gratouille l'entrecuisse, ça défait, d’un doigt malicieux, le nœud de cravate que vous avez mis trois heures à réussir, ça vous glisse des salaceries dans le creux de l’oreille en oubliant de baisser le ton de façon à ce que toute l’assistance puisse en profiter !
    Je vous jure, seuls les malheureux en coma dépassé au dernier étage de l’Hôpital Princesse Grace méconnaissent encore les brusques envies de sucette surprise que manifeste l’infâme entre le homard et la gelinotte.


    Vous croyez que ça embarrasserait la compagnie, vous ?


    Pensez donc !
    C’est au contraire la surenchère dans l’égrillard, l’escalade dans le graveleux, la grimpette dans le grivois.


    On naufrage dans le salé, le plébéien, le gras du bide !
    Quatre vingt chasseurs, ourdés au douze degrés, s’en payeraient des roseurs de premières communiantes.

    Dandy romantique en redingote sable, camélia crème à la boutonnière, l’œil un peu au loin comme s’il visualisait des féeries dans la moire des baies vitrées, le sublime cousin détaille avant la nuit ne pète en feux d'escarboucles, les quinze manières différentes de se faire plaisir avec un Fleshlight.

    (Commentaire de Chris à mon intention : « Je suis sur que tu en connais plus de quinze toi, salope ! »)



    Nue sous l’écume dorée d’une résille de métal et de soie, une grande statue d'Abyssinie que l'on pensait miséricordieusement muette avant qu'elle ne se mette à égrener des rosaires de conneries, se demande, sans même se marrer, si elle ne serait pas un peu lesbienne puisqu'accro à la jouissance clitoridienne, laquelle comme chacun sait enlève de l'importance aux hommes.

    (Etonnement du futur ex homme de ma vie : « Elles sont QUE clitoridiennes les lesbiennes ? »)

    Mais le pire vient d’une sorte de long glaïeul fanant, vraisemblablement dépucelé par Monsieur frère du Roi dans les jardins du Palais Royal, qui, sur l’air connu du « c-était-mieux-avant »,radote ses frasques sépia à la belle époque des bordels pour garçons chers au Baron de Charlus, des vespasiennes ou l'on draguait dans des vapeurs d'égout , du grand cirque travesti déroulant ses serpents de plumes irisées sur la scène d'« Arthur »,des tangos interlopes découpant leurs ombres chavirées contre les laques rouges de la « villa d’Este ».

    (Irritation de la barbaque givrée assise à mes cotés « Il va fermer son claque merde, « Jurassic Park » ! Il nous joue quoi là ? L’amour au temps des brontosaures ? »)



    Le reste des convives présente peu d’intérêt.


    Une bande de cancanières encore pire que moi, capables de raconter que j’ai tourné hétéro, d’aller colporter cette ignominie dans Paris, partout, comme ça, juste pour nuire !


    Elles jacassent entre elles, embrouillaminis de cocus, peines de fion et gigolos venus du Danube.


    Il ressort de leur babil que ça prostipute toujours pas mal le long de la Riviera, même si les ragazzi, farabutti et autres mascalzone Pasoliniens se sont vus détrôner par des Apollons Bulgares, des cuirassiers de Moravie, des hercules tartaro-mongols.


    Le nec plus ultra de la bogossitude cosaque.


    Un peu Michel Strogoff, un peu Prince Muichkine.
    Moitié Attila, moitié Folle de Chaillot.


    En matière d’Orientalisme de pacotille, je ne redoute nulle concurrence. Aussi deviens-je, une fois le sujet des singeries slaves lancé, l'arbitre révéré du débat.


    Que ces braves gens prennent la Volga pour le Danube, l’Oural pour les Balkans et Tatiana Boulanova pour Sylvie Vartan passe encore, mais qu’ils mélangent, dans un grand élan d’Orthodoxie les bordels de Riga, les fastes de l'Ermitage et les pèlerinages à Nijni Novgorod laisse songeur.


    Pourtant, c’est sans réel déplaisir que j’allume ma lanterne magique, que j’enrubanne d’images d’Epinal la pesanteur nantie de cette fin de festin.
    Samovars et Blini de la Maslenitsa, Balalaïkas et mazurkas, toques de loutres et troïkas, aubes cristallines et fleurs de givre, Raspoutine, Jivago, Katia Dolgorouki ; un dernier été à Tsarskoïe Selo, façades bleues, robes blanches à guipures ; le charnier d’Iekaterinbourg, du sang sur la neige, des loups dans les champs de pavots.

    Tout un amphigouri de symboles éculés, d’icones plastifiées ; une vaste bimbeloterie pour kermesse aux frileuses étoiles tels que depuis près de dix ans j’en imagine pour des touristes avides de clichés.

    Profession de foi, l’Evasion avec un « E » majuscule.


    Substitut, l’aventure avec un « a » qui s’accommode d’une minuscule.


    Toujours abuser du folklore, toujours laisser entendre à son auditoire ce qu’il a envie d’entendre.

    S’éloigner des rivages familiers mais pas trop. Rester dans la limite rassurante des eaux territoriales. Offrir l’océan Indien en bocal, les dômes du Kremlin sous cloche de verre, l’Afrique en réserves, Venise sous forme de Mariland culturel auquel ne manque que les pitreries des dauphins.


    Voilà pourquoi on trouve des piscines sur les plages.

    Et l’authenticité dans cette affaire ? A quoi bon, plus personne ne s’en souci de l’authenticité ! Le public ne désire être surpris que par ce qu’il attend !


    Bref je dégoise mon couplet policé en mode pilote automatique face à une assemblée conquise d’avance.


    C’est beau comme une chanson d’Hélène Segarra, paroles et musique.

    Du reste la vieillasse pamoise dans l’Astrakan, le Taffetas, l’Organdi, se rêve en impératrice écarlate, Marlène guerrière cravache comprise. Elle se souvient d’un Moujik d’opérette qui l’aimât, au siècle passé, dans les coulisses d’un cabaret Russe de la butte. Il avait des mains de batelier et les lèvres douces. Une bite énorme aussi sans doute, mais elle ne s’en rappelle plus. En revanche, elle n’a pas oublié l’odeur des fards et de la poudre de riz, les trainées de « Bronzor », ce fond de teint pour le corps, qu’il laissa sur sa peau, ni l’accent ensoleillé de l’imposteur lorsqu’oubliant de rouler les « R » il se révéla aussi Marseillais que la Bonne Mère.


    Elle en pleure d’attendrissement l’ancêtre ! On peut la comprendre ! Soixante seize carats. Son amour est mort, ses amis, son chien aussi et elle-même ne se sent pas très bien.

    Seules subsistent les étreintes tarifées, vénéneuses, potentiellement mortelles, qu'elle s'en va mendier auprès d'arsouilles à la gueule cassée et aux pieds nus, de louches milords la Violette et autres maraudeurs du clair de lune. Et inutile de ricaner les filles, vous y viendrez toutes !!!!!!


    Le « Cricri d’amour », ça lui bousille le système nerveux ce quart d’heure mélo. Aussi pour détendre l’ambiance , il ne trouve rien de mieux à faire que de pousser le volume de la sono à fond et d’ improviser un petit strip tease devant une cheminée ou il se serait roti les fesses si on y avait allumé un feu .


    Rien de bien méchant au demeurant, rayon Chippendales on a déjà vu moins balourd et plus bandant.

    Il faut dire que de la viande saoule s’empêtrant dans ses vêtements et s’emmêlant les cannes aussi Grand Siècle que soient ces dernières ; prête d’avantage à rire qu’à fantasmer.


    Et l’on s’étonnera ensuite que je ne sois pas tout à fait terrassé d’amour….


    En même temps j’imagine qu’il doit être salement paumé pour se livrer à toutes ces pitreries, lui d’ordinaire tellement réservé.


    Mais salement paumé pourquoi ? Je n’en ai pas la plus pauvre idée !
    On dira, comme en début de billet, que c’est la faute au picolo….


    Les réponses aux questions que je ne me pose pas me viendront plus tard dans la nuit, après une virée expresse dans une boite de Nice ou se déroulait une soirée déambulateurs et cartes vermeil, de la bouche même du petit frère de Chris, alors que ce dernier, affalé sur la banquette arrière baigne dans son vomis et un sommeil fiévreux.
    Hubert, vingt ans, des longs yeux affligés de lama, une virginité inattaquable pour cause de sexualité incertaine ; cet air navré de fin de sève que l’on trouvait naguères à certaines belles du Sud soignant leurs névroses de fleurs exsangues à coups de " Mint Julep ", dans la moiteur caraïbes du « vieux carré », pas la moitié d’un con pour autant .


    « - Il faudrait que vous parliez un peu, mon frère et toi.
    « - On ne fait que ça, parler. Parler de quoi d’ailleurs ?
    « - De la fin de votre histoire, par exemple !


    Immense silence, immense moment de solitude.


    Au dessus des collines, entre les bois noirs des citronniers, sur l'étain navré d'un coin de mer, la nuit rosit comme si elle avait quelque chose à se reprocher.


    La fin du monde est pour Demain, un petit garçon me l’a dit.


    Il n’y a plus qu’à s’asseoir et à attendre.

     

  • " Nous irons à Monte Carlo."

    zzzzzvania-monte-carlo.jpgChris est venu me récupérer à l'aéroport de Nice.


    Halé et parfumé, white jeans et T- shirt Tropézien, blouson de cuir bleu passé de chez Dior (vous ne pouvez pas le louper, c’est marqué dessus en lettres fluorescentes !).


    Mauvais genre juste ce qu'il faut.


    Comme j’aime.

    Bref, une pintade Azuréenne.

    Un bisou, deux bisous, « non- pas- la- bouche – y- a -du -monde », et nous voici parti pour la principauté à bord d’un pot de yaourt si exigu que mes genoux flirtent dangereusement avec le tableau de bord.

     


    En route, je m’enquière de la compagnie. Chris me rassure ; les adultes (A noter au chapitre des singeries me le rendant parfois insupportable que Chris évoque les adultes comme s’il n’en était pas un lui-même) ont choisi de s’exiler dans les Alpes Suisses. Seront donc présents, son plus jeune frère, son cousin germain - notre hôte-, ainsi que les amis de ce dernier, une bande de folle « que- tu- vas -adorer -détester » ; plus une fille totalement cinglée « que- tu- vas- détester- adorer ».

     


    Me voilà bien tranquille, je vais pouvoir roter mon champagne, péter mon caviar et prononcer des mots inconnus du dictionnaire sans provoquer d’incidents diplomatiques.


    A moins que je ne fasse la grâce à mon amoureux de me tenir correctement, très gendre idéal, en bout de table.

    La demeure ou nous logeons ressemble à une version miniature du Palais Sans-souci de Potsdam quoi qu’en plus chargée.


    Bref, une meringue.


    « Mauvaise. Graine » ma fille, s’il te restait un doute, tu peux en faire le deuil : tu es bien chez les riches, aussi incongru, déplacé, malséant qu’un Poivrier sauvage dans une roseraie, même si l’incongruité est devenue à ce point quotidienne qu’on y prête plus attention !


    Quant au fameux cousin ; de faux airs d’asiate, des épaules à déménager les pianos, une bouche à embraser les banquises, des dents de magazines

    Bref, une bombe sexuelle, un pur concentré de testostérone, le plus affuté des pièges à garçons qu'il m'ais été donné de croiser !


    A mon avis, lorsque ce mannequin traverse le Marais, les pamplemousses doivent suinter, les noix de cajou éclaté, les bananes jouer les métronomes sur son passage ! Il faut distribuer du Temesta en intraveineuses pour calmer la tachycardie des donzelles, du bromure à la louche pour empêcher un viol collectif.


    Du reste, moi-même je ne me sens pas très bien. Une écume blanchâtre à la commissure des lèvres, je déraille sur toute la ligne, je rougis, je palis, je brule de partout, je perds mes mots, j’en invente d’autres ; ceci au grand agacement de Chris.


    « - Calme tes ardeurs « Mauvaise. Graine », me conseille t’il tandis que nous rejoignons notre chambre. Mon cousin n’est pas pour tes dents de loup.

     


    Piqué dans ma vanité, j’enfourche illico mon plus fougueux destrier.


    Mais comment ose t il me prêter de si vils desseins alors que je ne suis qu’angélisme et probité ?

    Du reste je ne l’ai même pas regardé son cousin. Je n’ai pas vu qu’il a les yeux de ce vert translucide des jades anciens, un adorable grain de beauté sur l’arcade gauche, pas plus que je n’ai remarqué ce minuscule éclat de saphir à son oreille ni le tatouage Maori sur son cou. Et puis tu sais bien toi que je n’aime que toi !


    « -Des clous ! Ricane le macaque, fâché que la discussion ricoche dans une direction contrariante.


    Plus pincé qu’une chanoinesse en carême, je lui fais valoir que je m’estime encore bienheureux d’être admis au sein de sa famille, leçons de musiques comprises, sur la base d’un tarif préférentiel, pour m’abstenir de me montrer brutal et discourtois en culbutant le maitre de céans avant même d’avoir vidé sa cave à vins et mis à sac son palais d’été.


    Et là, tandis que je m’apprête à enfiler les arguments oiseux –d’aucuns diraient les clichés-voici qu’un feu rouge me stoppe net.


    Warning !

    Terrain glissant !

    Eviter le sujet du « J’encule les altesses, je conchie les Milords, je pisse à la raie des aristos ! Grace à Dieu, nous ne sommes pas du même monde et vive la révolution ! », Histoire de ne pas s’entendre répondre « Mais alors, que fais tu dans le mien de monde, anarchiste des deux que je ne te lècherais plus ? Dégage s’il ne te convient pas, mon monde, bouseux, manant, cloporte ! ».


    A force de baiser hors de sa classe, on fini par le connaître le grand livre des phares, par ne plus confondre la braise racoleuse et le signal de détresse ! Pas envie de se retrouver à la rue la « Mauvaise. Graine », obligée de turbiner devant l’« Hôtel de Paris » un 15 Aout pour pouvoir s’offrir un whisky, trois cacahouètes et la douceur d’un bar de palace.


    Pour le coup, je passe fissa du mode cigüe au mode miel aux lèvres.


    Mon lapin, ma puce, mon canard en sucre, je m’en fiche moi de ton cousin. C’est un con spontané, ça se voit ! Toi tu es tellement plus intéressant, tellement plus …… Tellement plus-plus quoi !


    « Monsieur plus-plus » n’est pas dupe un centième de seconde, mais pas plus que moi il n’a envie de passer Feragosto sous les retombées acides d’un parasol thermonucléaire.


    Aussi me sourit-il.

    Aussi m’ouvre t il les bras.
    Et les draps d’un lit si haut que si tu en tombes tu te tues.


    C’est une bonne pomme mon Christophe et dans le fond, il se peut qu’il m’aime bien.